Vie & Œuvre

  • 3 mars 1943

    Naissance à Paris. Fils de François de Montbrial (1912-1985), inspecteur de la Banque de France, auteur d’essais politiques et de recueils de poésie, et de Monique Lécuyer-Corthis (1915-1990).
    Son grand-père paternel, Jean de Montbrial, était administrateur des colonies. Son grand-père maternel, Raymond Lécuyer, était un journaliste et critique d’art, auteur de plusieurs ouvrages aujourd’hui encore recherchés comme son Histoire de la photographie publiée en 1945. Sa grand-mère maternelle, romancière, publia sous le pseudonyme d’André Corthis (1885-1952 ; André au masculin). Son œuvre fut couronnée très tôt par le Prix Femina (1906) puis par le Grand prix du Roman de l’Académie française (1920).

  • 1963-1967

    1963-1965. Elève à l’Ecole polytechnique, dont il sort classé troisième en 1965, ce qui lui donne accès au « Corps des Mines ».
    Eté 1965. Au Moyen-Orient (Egypte, Liban, Syrie, Jordanie) : son premier grand voyage.
    1965–1966. Sous-lieutenant affecté à l’Ecole de guerre, où il enseigne la Recherche opérationnelle à des officiers supérieurs.
    1966-1967. Ingénieur élève du Corps des Mines. Elève de Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988.

    Ecole Polytechnique Promotion 63 Thierry de Montbrial Ecole des Mines Thierry de Montbrial 
    1967. Mariage avec Marie-Christine Balling.

  • 1967-1968

    Etudiant à l’Université de Californie à Berkeley, en vue d’une thèse de doctorat en économie mathématique sous la direction du professeur Gérard Debreu (prix Nobel en 1983). L’économie mathématique est alors en plein essor aux Etats-Unis. Ce courant est contemporain du développement de la deuxième génération des think tanks américains et de grandes institutions comme la Rand Corporation et la Cowles Commission.

    1er septembre 1968 : naissance de son fils, Thibault.

  • 1968-1970

    1968-1969. Fin des études à l’Ecole des Mines. En même temps, il devient maître de conférences à l’Ecole polytechnique et participe activement aux réflexions pour une réforme de cette école, dans le sillage des « événements » de mai 1968. Convaincu de l’importance de la philosophie et de l’histoire des sciences pour une formation poly-technique, il milite en particulier pour l’introduction de ces disciplines à l’Ecole.

    Deuxième semestre 1969. Assistant du professeur Debreu à Berkeley. Il enseigne notamment la programmation mathématique au niveau graduate.

    1970. Ingénieur des Mines à Metz. En même temps, il continue d’enseigner l’économie mathématique à l’Ecole polytechnique et donne des cours à la Faculté de droit et des Sciences économiques de Nancy.

  • 1971

    Reçoit le titre de PhD (Doctor of Philosophy in Economics) pour sa thèse intitulée : Intertemporal General Equilibrium and Interest Rates Theory. Le but de cette thèse est le traitement du temps (et donc potentiellement de l’incertitude, de l’information imparfaite, de l’intérêt et de la monnaie…) dans la théorie très platonicienne de l’équilibre et de l’optimum économiques. Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une réflexion plus générale sur le temps, qu’il n’a jamais cessé de poursuivre tout au long de sa vie. La même année, il publie Economie théorique (Presses Universitaires de France), un livre issu de son séminaire de l’Ecole polytechnique auquel a notamment assisté le mathématicien Laurent Schwartz, Médaille Fields en 1950. Laurent Schwartz avait été membre du jury de thèse de Gérard Debreu, dont est issu son ouvrage célèbre Theory of value. Thierry de Montbrial commence alors à contribuer à un renouvellement profond de l’enseignement et la recherche en économie, en France.

  • 1971-1973

    Tout en poursuivant ses activités d’enseignement, il est nommé chargé de mission au Commissariat Général du Plan (CGP), la grande institution créée après la Seconde Guerre mondiale par Jean Monnet autour du concept original de « planification indicative ». Au Plan, les travaux de Thierry de Montbrial portent essentiellement sur : (1) l’introduction de la monnaie et de l’économie internationale dans la méthodologie de la planification ; (2) la pertinence des grands modèles économétriques et la question de la possibilité de représenter adéquatement le cheminement entre le « court terme » et le « moyen terme » ; (3) les notions de prévision et d’erreur de prévision.

    En 1973, il publie dans la Revue d’économie politique un article sur l’équilibre monétaire, où il poursuit ses réflexions de Berkeley en les rattachant, notamment, aux travaux trop méconnus de Jacques Rueff.

    12 novembre 1972 : naissance de sa fille, Alexandra.

    En 1973, à l’âge de trente ans, Thierry de Montbrial est élu « professeur d’exercice complet » à l’Ecole polytechnique, le plus jeune, semble-t-il, depuis le physicien et astronome Arago, lequel avait succédé à Monge (le fondateur de la géométrie descriptive) en 1809, comme professeur de mathématiques. Arago avait alors 23 ans. La même année, il fut élu à l’Académie des Sciences. Dans le contexte des années 1970, l’élection de Thierry de Montbrial répondait au choix stratégique de l’Ecole polytechnique de placer l’économie au même rang que les grandes disciplines scientifiques traditionnelles (mathématiques, mécanique, physique et chimie).

    Egalement en 1973, Michel Jobert, ministre du Président de la République Georges Pompidou, le charge de mettre en place au ministère des Affaires étrangères un « Centre d’Analyse et Prévision » (CAP). Avec son adjoint Jean-Louis Gergorin, il s’inspire du Policy Planning Staff (PPS) du Département d’Etat américain, établi après la guerre par le général Marshall. Le premier responsable du PPS, George Kennan, fut aussi le plus célèbre. Les PPS procèdent de la même démarche que les think tanks. Il s’agit en particulier de faire la synthèse entre les approches inspirées des mathématiques et des sciences de la nature d’une part, de l’histoire et des sciences humaines ou de la philosophie d’autre part, pour éclaircir le couple pensée-action.

  • 1974-1992

    Thierry de Montbrial est président du département des Sciences économiques créé à l’Ecole polytechnique sous l’impulsion de Jean Ullmo, à la suite des réformes de 1968. Pendant ces dix-huit années, son enseignement s’adresse à la totalité des élèves de l’Ecole. Il contribue ainsi à la formation d’une partie importante des élites de la France, pour toute une génération. Cet enseignement porte sur les modèles fondamentaux de la microéconomie et de la macroéconomie, ainsi que sur une approche critique des bases de l’économétrie. Il introduit aux recherches contemporaines dans ces domaines, dans un cadre aussi unifié que possible, selon à l’esprit du temps. Le livre qui en est résulté a été publié en 1988 aux Presses Universitaires de France sous le titre La Science économique ou la stratégie de l’homme vis-à-vis des ressources rares – Modèles et méthodes. Son originalité a alors été saluée par la critique.

    En 1992, en même temps qu’il est élu à l’Institut de France, il estime le moment venu de faire place à des enseignants-chercheurs plus engagés dans la vie scientifique, mais il continuera jusqu’en 2008 à donner quelques cours, d’abord (1992-1995) en économie internationale, puis (1995-2008) sur « la stratégie et les relations internationales » en liaison plus étroite avec ses activités à l’Ifri

  • 1974-1979

    Thierry de Montbrial crA la tête du brain-trust du ministère des Affaires étrangères (le CAP), Thierry de Montbrial est à l’origine de ce qu’il appelle une « diplomatie intellectuelle », qui le conduit notamment à nouer des liens étroits aux Etats-Unis où il a accès aux plus hautes personnalités de l’époque, ainsi qu’au Japon. En reconnaissance de son action dans les années 1970 et lors de la décennie suivante, l’Empereur du Japon lui décernera plus tard l’Ordre du Soleil Levant, étoile d’or et d’argent. Très actif au sein de l’Alliance atlantique, il s’intéresse particulièrement à la construction européenne et aux relations franco-allemandes, et devient un membre actif du Club Bilderberg et de la Commission Trilatérale, deux institutions dont la France était essentiellement absente, en raison de la méfiance des héritiers de la tradition gaulliste vis-à-vis de ces institutions jugées trop proches des Etats-Unis. Il sera membre du Comité directeur du Bilderberg de 1976 à 2012. Dans le cadre de la Trilatérale, il rédigera en 1982 avec l’ambassadeur Nobuhiko Ushiba et le professeur de Harvard Graham Allison, une étude intitulée Sharing Global Responsibilities qui, à certains égards, préfigure ses travaux ultérieurs sur la gouvernance mondiale.
    Pendant toutes ces années, les travaux du CAP portent notamment sur l’énergie (la période est marquée par les chocs pétroliers de 1973 et de 1978), l’économie internationale, la détente en Europe ainsi que les grandes questions stratégiques et le désarmement.

    Fort de ses recherches antérieures, Thierry de Montbrial approfondit les travaux des penseurs stratégiques américains, en un temps où la pensée stratégique a largement échappé aux militaires, depuis la mise en œuvre des armes nucléaires et plus généralement des armes de destruction massive. Thierry de Montbrial étudie donc la littérature essentiellement américaine sur la stratégie nucléaire et fréquente les grands penseurs ou experts dans ce domaine, un cheminement qui s’articule harmonieusement avec l’environnement intellectuel qu’il a découvert à Berkeley. Il effectue aussi ses premiers voyages dans le monde communiste. Il découvre ainsi l’URSS et la République Populaire de Chine, et conclut que pour comprendre le monde il faut voyager, observer, comparer, rencontrer les autres sur leur terrain. Cela restera pour lui une règle de vie.

    Toute cette activité ne l’empêche pas de continuer à s’intéresser aux fondements de l’économie. En 1974, il publie aux éditions du CNRS des Essais d’économie parétienne, dont deux chapitres peuvent encore mériter de retenir l’attention. L’un porte sur la notion d’ergodisme en économie. L’ergodisme est un concept mathématique essentiel en physique statistique, qui vise à comparer des trajectoires dans l’espace et dans le temps. En sciences humaines, on parle de synchronisme et de diachronisme. Thierry de Montbrial a l’intuition que ce concept peut être aussi fécond dans les sciences sociales et plus généralement en philosophie. L’autre chapitre porte sur une généralisation de la théorie de l’utilité, où l’on compare non plus des « paniers de marchandises » mais des « ensembles de choix ». Cette généralisation ouvre des voies pour l’étude des « équilibres temporaires », dans l’esprit des travaux de l’auteur à Berkeley. En 1976, Thierry de Montbrial publie également aux éditions du CNRS une étude intitulée Thermodynamique et économie, rédigée à l’occasion du 150e anniversaire de la parution des Réflexions sur la puissance motrice du feu de Sadi Carnot – le fondateur du second principe de la thermodynamique, à l’origine du concept d’entropie. Paul Samuelson, parmi d’autres, avait traité de ce rapprochement, mais c’est surtout la pensée foisonnante de l’Américain d’origine roumaine Nicholas Georgescu-Roegen qui a inspiré cette étude.

    Pour un public plus large, Thierry de Montbrial publie en 1974 Le désordre économique mondial (Chez Calmann-Lévy), traduit en espagnol et en italien. Dans cet ouvrage, l’auteur s’intéresse à la crise de l’énergie et au problème des matières premières. Il propose ses réflexions sur « l’analyse stratégique des relations internationales ». Il traite également de l’inflation et des problèmes monétaires, à partir d’un enseignement d’« économie approfondie » qu’il donnait à l’époque à l’Institut d’études politiques (aujourd’hui connu sous le nom Sciences-Po). Dans cet ouvrage, l’auteur s’efforce de mettre la théorie au service de l’action.

    En 1978, à l’époque du deuxième choc pétrolier, alors qu’il est toujours à la tête du CAP, Thierry de Montbrial publie – dans le cadre du Club de Rome, après l’immense succès de Halte à la croissance, le célèbre « Rapport Meadows de 1972 – L’Energie : le compte à rebours (éditeur Jean-Claude Lattès), traduit en anglais sous le titre Energy: The Countdown. Il a recours à une méthode qui restera fondamentale à ses yeux : la nécessaire complémentarité entre la rétrospective et la prospective, chacune étant nécessaire à l’intelligence de l’autre.

  • 1979

    Fort de ses expériences antérieures et de la notoriété acquise, Thierry de Montbrial fonde l’Institut français des relations internationales (Ifri) , le premier think tank français – indépendant de l’Etat – rapidement devenu l’un des plus connus, tant en Europe que dans le monde, dans le domaine des relations internationales. Il s’entoure de chercheurs expérimentés comme Jean Klein mais aussi d’une équipe jeune et brillante dont certains, comme Pierre Lellouche et Dominique Moïsi, ou encore un peu plus tard Pierre Jacquet, parviendront rapidement à la notoriété. L’Ifri publie notamment la revue trimestrielle Politique étrangère, créée en 1935 par l’ancien Centre d’Etudes de Politique Etrangère (CEPE), ainsi que, chaque année depuis 1981, le rapport Ramses dont les deux premières éditions furent dirigées par Albert Bressand. Ce rapport a nourri des générations d’étudiants français ou francophones.
    Sur le plan institutionnel, on peut distinguer trois périodes dans la vie de l’Ifri, comme dans celle de ses grands homologues et partenaires des cinq continents. La première va jusqu’en 1990-1991, et couvre donc une décennie dominée par l’intensification de la guerre froide. La deuxième s’étend de 1990-1991 à 2007-2008, près de vingt années marquées par la réunification de l’Europe, l’élargissement de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique ; l’approfondissement de la révolution des technologies de l’information, les succès des pays émergents et la mondialisation ; mais aussi la montée de l’islamisme politique et du terrorisme international symbolisés par les événements du 11 septembre 2001. En 1995, l’Ifri acquiert sa « maison » – entièrement financée par des dons réunis grâce à l’action de son directeur – qui contribue à affermir son identité et lui permet de recevoir dignement des chefs d’Etat ou de gouvernement et plus généralement des hautes personnalités et des chercheurs ou experts du monde entier.
    La troisième période a débuté en 2007-2008, avec la crise économique et financière la plus grave que le monde ait connue depuis la grande dépression des années trente. La montée de la Chine et des tensions en Asie de l’Est, le fort mal nommé « Printemps arabe »et l’aggravation de la situation au Moyen-Orient, la dégradation des relations entre la communauté euro-atlantique et la Russie, le renouveau des nationalismes, les difficultés de la coopération économique, sont quelques-unes des caractéristiques de cette nouvelle ère par ailleurs dominée par la civilisation de l’Internet.

    Convaincu qu’il n’y a pas de problème plus important pour la stabilité structurelle du système international dans son ensemble que celui de la gouvernance mondiale, Thierry de Montbrial crée la World Policy Conference (WPC) , dont la première réunion a lieu en octobre 2008 à Evian, en présence notamment des présidents Sarkozy et Medvedev. Dans son allocution d’ouverture de la sixième édition de la WPC à Monaco, en décembre 2013, il explique : « La mission de la WPC est de contribuer à l’amélioration de la gouvernance mondiale, dans tous ses aspects. Il ne s’agit pas d’un vain mot, car l’accroissement fulgurant de l’interdépendance est une menace autant qu’un bienfait. Bienfait car l’ouverture maîtrisée est un enrichissement, tant sur le plan spirituel que matériel. Menace, car la connectivité non maîtrisée multiplie les risques de catastrophes. L’enjeu de la gouvernance mondiale est de maintenir les chances d’un monde raisonnablement ouvert et pour cela d’élaborer des instruments permettant de surmonter les chocs économiques mais aussi politiques, de toute nature ». Dans son introduction aux actes de la conférence de Monaco, Thierry de Montbrial revient aussi sur un thème qui lui est cher, celui de l’unité dans la diversité : « Non seulement l’unité ne peut pas se faire contre les identités, mais elle suppose au contraire et en apparence paradoxalement leur approfondissement. Cela vaut pour les unités politiques à toutes les échelles ». Avec la fondation de la WPC, Thierry de Montbrial se montre fidèle à une conviction acquise pendant ses années au CAP : dans les relations internationales comme dans la vie ordinaire, la coexistence pacifique, dans son acception la plus profonde, suppose à la fois de toujours mieux se connaître et de toujours aller vers les autres.

  • 1981

    Thierry de Montbrial devient membre du Conseil consultatif international (International Advisory Board) d’IBM-Europe. Par la suite, il sera invité à rejoindre d’autres conseils consultatifs ou conseils d’administration de grandes entreprises de dimension internationale. Ce type d’expérience lui sera très utile, tant dans son action à la tête de l’Ifri que pour l’approfondissement de sa réflexion théorique.

  • 1983-2002

  • 1985

    Publication de La Revanche de l’Histoire. Tout en affirmant que « l’histoire est le cimetière de la prospective », cet ouvrage, couronné par l’Académie des Sciences morales et politiques, « tente de discerner les directions d’évolution du système international et de faire la part de la continuité et du changement ». Il traite, comme celui de 1974, de questions économiques autant que politiques. Il s’appuie sur la méthode du livre de 1978, et introduit divers concepts (mutation lente, réforme ou révolution, stabilité structurelle etc.) que l’auteur approfondira par la suite.

  • 1985-2014

    Président du Centre franco-autrichien pour le rapprochement en Europe (nom final du CFA), une organisation intergouvernementale initialement créée à l’occasion d’une rencontre en 1976 entre le chancelier Bruno Kreisky et le premier ministre Jacques Chirac, pour contribuer à la détente alors en action. Le projet ne prendra corps qu’en 1980, sous le nom alambiqué de « Centre franco-autrichien de rencontres entre des pays européens à systèmes économiques et sociaux différents » (en allemand, “Österreichisch-franzözisches Zentrum für Begegnungen aus europäischen Ländern mit verschiedenen wirtschaftlichen und sozialen Systemen“). L’association du CFA avec l’Ifri commence en 1983. Thierry de Montbrial est porté à sa présidence en 1985. Les partenaires initiaux de la France et de l’Autriche sont la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie, avec lesquelles Thierry de Montbrial put ainsi nouer des contacts féconds dès 1983. Avec la chute du mur de Berlin puis l’élargissement de l’Union européenne, le CFA se transforme profondément. Son succès est tout particulièrement dû à l’engagement personnel de Peter Jankowitsch. Chef de cabinet de Bruno Kreisky à l’époque de la création du Centre, il en est à Vienne le Secrétaire Général pendant la quasi-totalité de la période. Le CFA a enrichi les activités de l’Ifri avec l’Europe Centrale et Orientale.

  • 1986

    Co-direction avec Bertrand Meunier et Marcel Boiteux de Marchés, Capital et Incertitudes. La publication de ce livre, consacré aux travaux de Maurice Allais, a contribué à ce que cet économiste se voit attribuer le prix Nobel en 1988. Le chapitre rédigé par Thierry de Montbrial s’intitule « Maurice Allais, savant méconnu ».

  • 1988-1994

    Membre du Comité de rédaction, puis président du Comité éditorial de la Revue des deux mondes à partir de 1992, dont le rédacteur en chef est l’écrivain Jean Bothorel.

  • 1990

    Publication de Que Faire ?, un recueil de textes en trois parties, consacrées respectivement à la politique internationale, la politique économique et la philosophie politique.

    Premier voyage en Roumanie, pays pour lequel Thierry de Montbrial ressent aussitôt de profondes affinités culturelles. Il y nouera de solides amitiés. En 1999, il sera élu membre d’honneur de l’Académie romaine et prononcera à cette occasion un discours sur Le sens de l’Histoire. En 2002, il sera aux côtés du président de l’Académie roumaine, Eugen Simion, pour lancer un séminaire annuel à Bucarest intitulé « Penser l’Europe ». En 2012, il publiera en édition bilingue un Journal de Roumanie / Jurnal Românesc portant sur les années 1990-2011. En 2013, à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire, le président Simion et la Fundatia Nationala pentru Stiinta si Arta lui offriront, sous la forme d’une édition non commerciale, le recueil de ses interventions au séminaire « Penser l’Europe » au cours de la première décennie de son existence. Thierry de Montbrial est Doctor Honoris Causa de plusieurs universités roumaines. Il est décoré par trois chefs d’Etat successifs, les présidents Emil Constantinescu, Ion Iliescu et Traian Basescu. Ce dernier lui remet les insignes de Grand Officier de l’Ordre de l’Etoile de Roumanie en 2011.

  • 1991-1992

    A la demande de Paul Germain –alors Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences de Paris, qui avait été son collègue comme professeur (de mécanique) à l’Ecole polytechnique, Thierry de Montbrial prend la présidence de la Fondation de l’Académie des Sciences pour le développement de la science et de ses applications. Les travaux de cette fondation contribueront à la création, en dehors de l’Institut de France, de l’Académie des Technologies, dont Thierry de Montbrial sera membre fondateur en 2000.

  • 1992

    Entrée à l’Académie des Sciences morales et politiques de l’Institut de France, avec un record d’âge battu seulement, sur plus d’un siècle, par Jacques Rueff (le conseiller du général de Gaulle et futur chancelier de l’Institut de France avait été élu en 1944, à 48 ans). Depuis son élection, Thierry de Montbrial y a présenté de nombreuses communications sur des questions d’actualité comme L’Europe de l’Est cinq ans après la chute du mur ou encore La Turquie et l’Europe (2004) ; le plus souvent sur des questions fondamentales comme Qu’est-ce qu’un think tank ? (2011), Qu’est-ce qu’une puissance au XXIe siècle ? (2013) ou encore La prévision (2014).

    Président de l’Académie (et de l’Institut de France) pour l’année 2001, convaincu comme d’autres que « la Grande Nation » était gravement malade de son incapacité à se réformer, il choisit comme thème des travaux de l’année La France du nouveau siècle, titre repris à la fois pour son discours sous la Coupole de l’Institut le 19 novembre 2001 et pour le livre publié sous sa direction début 2002. Le discours du 19 novembre avait été précédé par celui qu’il avait prononcé le 16 octobre 2001, lors de la séance publique des cinq Académies sous sa présidence, intitulé Quel avenir pour la France ? Voici la première phrase de ce discours : « L’avenir de la France, c’est l’Europe. Non pas l’Europe éphémère des grands conquérants, celle de César, des Habsbourg ou des Bourbon, celle de Charlemagne ou de Napoléon, mais l’Europe libre, cimentée par le consentement de ses composantes telles que l’histoire nous les a léguées, l’Europe respectueuse d’une diversité culturelle qui sera le socle de sa propre culture et la source d’une fraternité fondée non pas sur un projet jacobin d’uniformisation, mais sur la valorisation des différences »

    Thierry de Montbrial a également prononcé sous la Coupole un grand discours sur L’Ecole polytechnique et les penseurs de l’action, à l’occasion du bicentenaire de cette Ecole, célébré le 22 mars 1994, et les discours de réception comme membres associés étrangers de deux grandes personnalités : le prince El Hassan bin Talal de Jordanie (le 16 juin 2008) et l’ancien président du Conseil italien Mario Monti (le 5 mai 2014).

  • 1993

  • 1993-2001

    Fin 1992, Pierre Joxe, alors ministre de la Défense, demande à Thierry de Montbrial de prendre la présidence de la Fondation pour les études de défense (FED) issue de la Fondation pour les études de défense nationale (FEDN) créée à la fin des années 1960 par Michel Debré, et présidée successivement par le général Buis, le général de Bordas, l’amiral Lacoste, puis le professeur Pierre Dabezies. Après des débuts difficiles en raison des circonstances de sa création, la FED, bientôt rebaptisée Fondation pour la recherche stratégique (FRS), est devenue dans son domaine la première institution française, formellement en dehors de l’administration.

  • 1995-2008

    En 1995, Thierry de Montbrial est élu professeur titulaire de chaire au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), une institution très originale dans l’enseignement supérieur français, dont l’origine remonte, comme l’Ecole polytechnique, à 1794. En 2008, il deviendra professeur émérite. Sa chaire, intitulée Economie appliquée, est bientôt rebaptisée Economie appliquée et relations internationales. Les premières années, son enseignement porte exclusivement sur les bases de l’économie et donnera lieu à un ouvrage dont la première édition date de 1999, co-signé avec Emmanuelle Fauchart, maître de conférences rattachée à sa chaire. Le titre du livre est Introduction à l’économie (éditions Dunod).
    La dernière période de l’enseignement de Thierry de Montbrial au Cnam, ouvert à tous, a porté sur l’analyse des relations internationales. Il a été diffusé sur la radio France Culture. Quelques années plus tôt, suite à une proposition d’Alain Lancelot, alors directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, Thierry de Montbrial avait introduit dans cet établissement un cours intitulé « Les grandes lignes de partage du monde contemporain ». Un résumé de son cours du Cnam dans ce domaine a fait l’objet d’un petit ouvrage de la collection Que sais-je ? sous le titre Géographie politique, publié en 2006.

  • 1996

    Parution de Mémoire du temps présent, couronné par le Prix des Ambassadeurs, traduit en allemand, bulgare, polonais, roumain et russe. Cet ouvrage a été conçu comme le premier volet d’un triptyque dont le second comprend les Perspectives du Ramses depuis 1989 et le troisième (publié en 2002) a un caractère principalement théorique. Cette démarche est cohérente avec celle de l’auteur depuis les années 1970. Dans Mémoire du temps présent, Thierry de Montbrial affiche d’emblée : « Du point de vue des relations internationales dans leur ensemble, qui est celui de ce livre, le XXe siècle a commencé avec la Première Guerre mondiale (1914-1918) et s’est conclu avec l’écroulement du système communiste (1989-1991). Siècle court, donc. Mais aussi le plus dense de l’histoire de l’humanité en bouleversements planétaires ». L’objet du livre est de « démonter les ressorts de la politique internationale du siècle qui s’achève, en vue de comprendre les ‘conditions initiales’ des premières décennies du troisième millénaire ». Pour Thierry de Montbrial, « de l’époque qui s’achève, on ne retiendra pas seulement les erreurs, les horreurs et les malheurs. Planté, un noyau peut devenir source de vie. Ainsi le XXe siècle laisse-t-il en héritage un ensemble de réalisations porteuses d’espérance pour tempérer la folie guerrière des hommes et pour améliorer leurs conditions matérielles. Toutefois, il est encore trop tôt pour attendre d’une organisation collective, si élaborée fut-elle, de rendre tout conflit sanglant impossible, ou d’effacer la misère ». Le problème de la gouvernance mondiale se trouve ainsi posé.

  • 2000

    Publication de Pour combattre les pensées uniques. Les « pensées uniques » critiquées ici sont d’une part l’idéologie d’une mondialisation uniforme et sans gouvernance, et celle des vertus d’un marché sans frontières ; d’autre part son opposé, l’idéologie de l’« horreur économique » (Pierre Bourdieu, Viviane Forrester), du durcissement des frontières et du rétrécissement de l’interdépendance, de l’Etat omniscient et omnipotent. Dans cet ouvrage, Thierry de Montbrial plaide pour la réforme de l’Etat (en France et ailleurs), l’organisation de l’interdépendance (thème de la gouvernance) et l’approfondissement de la construction européenne – trois sujets au centre des travaux de l’Académie des sciences morales et politiques pendant son année de présidence, en 2001.

    Publication du Dictionnaire de stratégie, dans la collection des grands dictionnaires des Presses Universitaires de France. Cet ouvrage est un travail collectif, réalisé sous la direction conjointe de Thierry de Montbrial et de Jean Klein, professeur à la Sorbonne et chercheur à l’Ifri, avec la collaboration de Sabine Jansen, maître de conférences au Cnam, attachée à la chaire Economie appliquée et relations internationales. Cette entreprise éditoriale ambitieuse procède d’une constatation : le concept de stratégie est incompris par la plupart de ceux qui en parlent. Face à l’actualité, l’expérience montre également la grande difficulté du public, même cultivé, de raisonner stratégiquement. Autrement dit, la politique au sens large reste dominée par les intérêts plus ou moins voilés, les émotions et les passions, avec toutes les conséquences non intentionnelles qui en résultent. Principalement consacré à la stratégie militaire, le Dictionnaire ouvre également des perspectives sur la notion de stratégie en entreprise et plus généralement en économie. Thierry de Montbrial a rédigé lui-même les articles « Stratégie » et « Théorie des jeux » de cet ouvrage, qui a été traduit en arabe.

  • 2001

    Le 13 janvier 2001, Thierry de Montbrial tient devant la Société française de philosophie une conférence intitulée L’informatique et la pensée. Dans une réflexion qui n’est pas sans rapport avec son discours de réception à l’Académie roumaine, il aborde notamment trois thèmes complémentaires : (1) la pensée transcende la logique binaire à la base des technologies de l’information et de leurs applications, de même que la conscience ne saurait émerger d’une simple combinaison moléculaire ; (2) aucun langage, même celui des mathématiques, ne peut rester strictement contenu dans la logique formelle ; (3) à long terme, les technologies de l’information pourraient contribuer à l’évolution de l’Homme (au sens de la théorie de l’évolution). Plus fondamentalement, on doit se demander si, dans le siècle à venir, l’homme ne va pas participer – dans des conditions par essence imprévisibles – à sa propre évolution.

  • 2002

    Publication de L’Action et le système du monde (ci-après désigné par les trois lettres ASM). Cet ouvrage, qui constitue le troisième volet du triptyque (à côté de Mémoire du temps présent et des Perspectives du Ramses), reprend et étend les travaux antérieurs de Thierry de Montbrial sur la praxéologie, la « science de l’action », plus particulièrement dans le domaine des relations internationales et de la stratégie. Concernant la stratégie, il s’appuie notamment sur une étude approfondie de Clausewitz. Son ambition est proche de celle des deux ouvrages classiques de Raymond Aron : Paix et guerre entre les nations (1962) ; Penser la guerre, Clausewitz (1976). ASM introduit une batterie de concepts (unités actives dotées d’une culture et d’une organisation, unités politiques, problèmes praxéologiques – en particulier politiques et internationaux-, biens collectifs et biens publics etc.). Certains de ces concepts, comme les biens collectifs et publics, sont classiques. Mais ils sont traités ici de façon originale. Pour ASM, les unités politiques sont des unités actives qui se considèrent comme souveraines, par exemple Al-Qaïda. Tout cela permet une conception des relations internationales qui déborde le cadre des Etats, sans pour autant se fondre dans une vague sociologie mondiale. Le système conceptuel d’ASM permet également de clarifier le contenu de domaines comme la géopolitique, la géographie politique etc.
    Couronné par le prix Georges Pompidou, ASM a été largement salué par la critique et a fait l’objet d’un échange publié dans Le Débat (n° 128, janvier – février 2004). Il a été traduit en sept langues (anglais, bulgare, chinois, polonais, roumain, russe, serbe). La version anglaise, publiée en 2013, porte le titre Action and Reaction in the World System – The Dynamics of Economic and Political Power, et a notamment fait l’objet de ce commentaire de Henry Kissinger : « Un nouvel ouvrage remarquable… De quoi méditer sur certaines questions des plus fondamentales de l’ordre international contemporain. Ce livre pourrait bien devenir la norme permettant de considerer d’autres travaux sur la gouvernance mondiale ».

  • 2003

    Thierry de Montbrial reçoit le Grand Prix 2003 de la Société de géographie pour l’ensemble de son œuvre et donne à cette occasion une conférence intitulée Qu’est-ce que la géographie politique ?, fondée sur les concepts d’ASM. Pour lui, la géographie politique apparaît comme une synthèse entre deux disciplines majeures, l’histoire et la géographie, toutes deux appréhendées dans le temps long et « filtrées » par la praxéologie (problèmes politiques, problèmes internationaux). Au sens strict, la géopolitique est la partie de la géographie politique qui met l’accent sur les idéologies relatives aux territoires. On sait naturellement que, pour le grand public, le mot géopolitique est aujourd’hui employé comme synonyme de « politique internationale ». Selon Thierry de Montbrial, certains biens économiques, comme les biens culturels ou ceux issus de l’agriculture, géographiquement localisés, peuvent posséder pendant certaines périodes le double caractère de bien privé et de bien public, à l’origine d’une catégorie importante de problèmes internationaux.

    Publication d’Evénements et temps quasi-leibnizien, une étude préparée dans le cadre d’un groupe de travail de l’Institut de France présidé par Bernard d’Espagnat sur les « Implications philosophiques de la science contemporaine ». Cette étude prend place dans les réflexions que Thierry de Montbrial n’a jamais cessé de mener sur le chronos et le kaïros, en arrière plan de sa thèse de Berkeley et de ses travaux sur l’équilibre monétaire, mais aussi autour de son discours de Bucarest ou encore de sa conférence sur L’informatique et la pensée. Pour les hommes, le temps qui passe est d’abord une donnée de la conscience, aussi insaisissable qu’immédiate. L’approche scientifique a dans une première phase permis de conceptualiser le temps comme un objet mathématique a priori indépendant de toute référence à la matière ou à l’énergie, le temps newtonien. Ne se satisfaisant pas de ce raccourci, l’approche leibnizienne part de la notion humaine d’événement, non pas dans le sens de la théorie de la relativité, mais dans celui élaboré par les psychologues et des historiens comme Pierre Nora. Dans cette conception, une construction mathématique du temps formellement équivalente au temps newtonien – et naturellement pré-relativiste- peut s’effectuer à partir d’une relation d’ordre partiel, intersubjectivement fondée, entre les couples d’événement. D’un point de vue purement formel également, cette construction est de même nature que, par exemple, celle de l’utilité cardinale en économie.
    Pour Thierry de Montbrial, toute représentation du temps a une souche leibnizienne. En physique, la remise en cause par « le haut » (relativité générale) et par « le bas » (physique des particules) suppose un objet de départ, auquel on ne peut pas ne pas se référer. Ainsi le temps de la relativité générale est-il localement approximativement newtonien. Le langage ordinaire semble inévitablement piégé dans le temps leibnizien. Ainsi s’interroge-t-on sur ce qui se passait avant le Big Bang, sur le temps qui s’est écoulé depuis le Big Bang, sur ce que l’on était « avant » ou de ce que l’on deviendra « après » la mort, etc. L’Ancien et le Nouveau Testament parlent du Verbe au « commencement » de toute chose (et donc « avant » le temps), et aussi de ce qui attend les hommes « après » la « fin des temps ». Certaines philosophies orientales permettent de concevoir l’abolition du temps, comme dans le Nirvana du bouddhisme ; ou dans des idées comme « l’éternité est dans l’instant ». Dans ses laborieuses Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, Husserl a implicitement recours au temps (newtonien ou leibnizien) pour « expliquer » la conscience du temps… Toute connaissance progresse en spirale. S’agissant du temps, pour identifier la circularité, il faut d’abord partir de la conscience pour aller vers le temps leibnizien, puis revenir à la conscience et ainsi de suite. Pour Thierry de Montbrial, les concepts radicalement indéfinissables de conscience et de temps sont inséparables. La connaissance n’a ni origine, ni extrémité.

    Publication de Quinze ans qui bouleversèrent le monde. Cet ouvrage, qui correspond au deuxième volet du triptyque, est une chronique des événements survenus depuis la chute du mur de Berlin en 1989, à partir des Perspectives que Thierry de Montbrial rédige chaque année au mois de juillet en vue de l’édition du Ramses à paraître au mois de septembre suivant. Pour l’auteur, qui réagit à chaud et se réfère aux Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, 1989 marque une coupure aussi profonde que fut 1789. Dans son Introduction à la philosophie de l’histoire, Raymond Aron écrit que tout l’art de l’historien est « de rendre au passé l’incertitude de l’avenir ». Incertitude du présent aussi, à cause de l’imperfection de l’information des acteurs et des témoins des « événements » – à des échelles différentes, pour de multiples raisons. Plus encore que l’historien, l’observateur de son temps se place à un point de vue subjectif et très insuffisamment – en tous cas très partiellement – informé. Tout cela procède d’une conception vivante de l’histoire, comme celle des chroniqueurs d’autrefois ou, à une échelle de temps différente (cette notion d’échelle de temps est capitale), celle des éditorialistes d’aujourd’hui, piégés dans l’instantanéité. Sans surprise, il existe un lien entre Quinze ans qui bouleversèrent le monde et l’étude sur le temps quasi-leibnizien, puisque l’histoire raisonne sur des « événements », et que les événements eux-mêmes sont souvent des élaborations intellectuelles après coup qui se font et se défont. La méthode de Thierry de Montbrial (bilan synthétique annuel du système international, répété sur une longue période) se prête bien par ailleurs à l’approfondissement de la réflexion sur la prévision et la notion d’erreur de prévision.

  • 2004

    Publication de La guerre et la diversité du monde, un choix d’articles publiés dans Le Monde, où Thierry de Montbrial est éditorialiste associé depuis 2002, après avoir été éditorialiste et membre du comité éditorial du Figaro entre 1989 et 2001.

  • 2006

    Publication de Il est nécessaire d’espérer pour entreprendre. Comme l’ouvrage de 1990 (Que Faire ?), il s’agit d’un recueil en trois parties, dont l’inspiration est indiquée dans le titre. La première partie est une série de portraits de personnalités exceptionnelles que l’auteur a pour la plupart connues, comme Louise Weiss, Maurice Allais, Michel Crozier, Louis Armand ou Laurent Schwartz. Ainsi ce dernier, l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle, a-t-il également joué un rôle important dans la société française. Thierry de Montbrial, qui l’a très bien connu en tant qu’élève puis collègue, profite de son étude initialement publiée dans La Gazette des mathématiciens en 2003, pour préciser ses vues dans le domaine de la découverte ou de l’invention, et plus généralement sur les mécanismes en œuvre pour la compréhension des grandes théories comme la théorie de la mesure en mathématiques ou la mécanique quantique en physique. Deux chapitres portent sur des figures historiques, certes fort différentes mais qui ont aussi inspiré Thierry de Montbrial : Benjamin Franklin et Jeanne d’Arc. La deuxième partie de l’ouvrage traite de la France, de l’Europe et des relations internationales. Elle comprend notamment une vue d’ensemble de la politique étrangère de François Mitterrand. La troisième, enfin, reprend certaines des études déjà citées et des textes de circonstance.

  • 2007

    Membre de la Commission du Livre blanc de défense et de sécurité nationale (sous la présidence de Nicolas Sarkozy et le gouvernement de François Fillon).

  • 2008

    Publication de Vingt ans qui bouleversèrent le monde. Pour Thierry de Montbrial, il ne s’agit pas simplement d’ajouter cinq chapitres au livre de 2003, en attendant les Vingt-cinq ans, puis les Trente ans… Reprenant le point de vue de Mémoire du temps présent selon lequel le XXe siècle s’est achevé avec la chute du système communiste en 1989-1991, il juge que la période de transition assez confuse qui s’en est suivie se termine clairement en 2007-2008 avec l’avènement d’une crise économique majeure (voir ci-dessus, à l’année 1979, la troisième période de l’histoire de l’Ifri).

    Première édition de la World Policy Conference (WPC) à Evian (5-8 octobre).

  • 2009

    Le 7 mai 2009, lors d’une séance solennelle organisée en son honneur à l’amphithéâtre Henri Poincaré de l’Ecole polytechnique au terme de quatre décennies d’enseignement dans cette école, Thierry de Montbrial donne une « leçon finale » intitulée La géopolitique entre guerre et paix. Il observe : « Historiquement, la géopolitique a pris son premier essor comme un instrument idéologique au service de la guerre. Il n’est que temps de la mettre au service de la paix ; de la paix entendue […] dans le sens d’une construction et non pas dans un sens naïf ». Cette construction, par essence aussi fragile que la grammaire pour les langues, passe par des institutions solides. On rejoint là le grand dessein de la WPC – lancée l’année précédente, qui est en effet de contribuer à cette construction, dans laquelle on peut espérer voir l’organisation du futur « village mondial » annoncé par MacLuhan. En poursuivant cette dernière métaphore, on pourrait dire que l’Union européenne a vocation à devenir un beau quartier de ce village mondial.

  • 2010

    Discours intitulé L’économie politique entre science, idéologie et gouvernance, prononcé à Barcelone par Thierry de Montbrial à l’occasion de son intronisation à la Real Academia de Ciencias Economicas y Financieras, le 18 mars 2010. Ce texte, présenté comme des réflexions autour de la première grande crise économique du XXIe siècle, comprend notamment, d’un point de vue purement conceptuel, une analyse originale sur la nécessité de dépasser le point de vue qualifié de platonicien des modèles de l’équilibre économique et de leur extension faussement temporelle, un point de vue qui procède de ce que, dans le chapitre IV de l’Evolution créatrice, Bergson appelle « le mécanisme cinématographique de la pensée et l’illusion mécanistique ». Selon Thierry de Montbrial, il faut introduire le temps bergsonien dans le raisonnement économique, c’est-à-dire la notion de « latitude de création », laquelle n’est pas de même nature que le « résidu » des équations économétriques ou théoriques, dont on connaîtrait la valeur si l’on était informé de « l’état de la nature », au sens précis que la théorie des probabilités donne à cette locution. En d’autres termes, il faut penser l’inconnu radical, a fortiori non probabilisable. Cet inconnu radical va au-delà des cygnes noirs de Taleb dont Thierry de Montbrial parle aussi dans sa communication du 16 juin 2014 à l’Académie des sciences morales et politiques sur la prévision. C’est lui que l’ancien Secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a en tête quand il donne à ses mémoires le titre Known and Unknown (publié en 2011), suggérant ainsi qu’il faut vivre avec des unknown unknowns… Pour Thierry de Montbrial, c’est la « latitude de création » au sens de Bergson qui constitue la limite la plus fondamentale à la pertinence des modèles mathématiques en économie, bien au-delà de la non-linéarité et du phénomène du chaos. Dans L’économie politique entre science, idéologie et gouvernance, il poursuit ainsi ses réflexions sur le temps et la notion d’événement. Il revient également sur celle de kaïros, très présente sous des formes diverses dans ses écrits antérieurs, en particulier ASM.

  • 2011

    A la demande d’Eugen Simion, Thierry de Montbrial rédige une préface pour la publication dans la collection Opere fundamentale (Œuvres fondamentales) d’une nouvelle traduction de A la recherche du temps perdu. Il saisit l’occasion qui lui est offerte pour approfondir ses réflexions sur le temps, l’espace, la matière et l’énergie, la mémoire ou plutôt les différentes formes de mémoire et la création. Après cette publication, il poursuit ses investigations en mobilisant un passé scientifique qu’il n’a jamais perdu de vue à travers ses lectures ou ses conversations avec des collègues. C’est le texte augmenté issu de la préface de 2011 qui est publié dans le présent volume, sous le titre Vagabondages autour de Proust.

  • 2012

    Publication du Journal de Russie. 1977-2001. Thierry de Montbrial écrit dans son avant-propos : « Devenu grand voyageur à la tête du CAP, puis à celle de l’Ifri, j’ai entrepris de tenir un journal, d’ailleurs sommaire et assez peu rédigé au début, comme le lecteur de ce volume pourra le constater. Pour qui est soucieux de se prémunir contre les « péchés de la mémoire » [référence au livre du psychologue Daniel Schacter, The Seven Sins of Memory], tout en éprouvant un minimum d’attirance par l’écriture, la rédaction d’un journal est un exercice gratifiant ». C’est aussi un témoignage pour l’histoire, d’autant plus que l’auteur a rencontré un certain nombre des grands acteurs de la période, mais peut-être surtout une forme de méditation sur la condition humaine. Malgré ses cinq cents pages cet ouvrage n’est qu’une toute petite partie de l’ensemble, dont le Journal de Roumanie également publié en 2012 fait aussi partie. En ce qui concerne les voyages, les prochains volumes envisagés sont un Journal d’Asie et un Journal d’Occident.

  • 2014

    Publication dans la revue Le Débat de « Think tanks à la française », co-signé avec Thomas Gomart. « Cet article poursuit trois objectifs. En premier lieu, il vise à mettre en perspective [la définition des think tanks donnée par Thierry de Montbrial dans sa communication de 2011 à l’Académie des sciences morales et politiques sur le sujet], nullement dans une optique inclusive ou exclusive, mais en soulignant l’importance du contexte, notamment historique. […] En deuxième lieu, il trace les contours du métier de think tanker. Celui-ci s’exerce en fonction des règles de production et d’un cadre social dont il faut bien saisir les interactions. […] En dernier lieu, il examine les liens entre think tanks et société civile. Qui croit à la force de mobilisation et de conviction des sociétés civiles, quel que soit le régime politique, ne peut se désintéresser des think tanks, embryons possibles d’une société civile mondiale responsable ». Ce travail s’inscrit résolument dans la perspective des think tanks de la quatrième génération, qui s’est ouverte en 2008. « Encore en gestation, la quatrième génération entend participer directement ou indirectement aux efforts de gouvernance mondiale ». Pour les auteurs, toute réflexion contemporaine approfondie sur la notion d’influence suppose que l’on s’intéresse sérieusement aux think tanks.

  • 2015

    Dans le cadre d’une refonte des statuts dont il a pris l’initiative en vue d’assurer la pérennité de l’Ifri à moyen et long terme, Thierry de Montbrial en devient le président exécutif et confie à Thomas Gomart la fonction de directeur. Dans cette nouvelle position, il est notamment responsable de la stratégie et de la gouvernance de l’institution et exerce directement des activités, comme l’organisation de grands événements, ou la codirection de Ramses, avec Dominique David. Parallèlement, il préside la World Policy Conference.

    Publication de Une goutte d’eau et l’Océan. Journal d’une quête de sens (1977-2014) chez Albin Michel. Cet ouvrage, le troisième issu de son Journal, rassemble des pensées et réflexions tournant autour de deux acceptions du concept de connaissance : celle de type scientifique, fondée sur l’intersubjectivité objectivisée ; celle qui résulte de l’expérience spirituelle intérieure et de la force des témoignages crédibles. Par la nature du sujet, ce livre est un témoignage d’étape.

    Publication, en français, d’un premier tome d’œuvres choisies de Thierry de Montbrial, dans la collection Opere Fundamentale de l’Académie roumaine dirigée par le théoricien de la littérature et critique littéraire Eugen Simion. Sous le titre La Pensée et l’Action, ce volume d’environ 1700 pages comprend deux grandes parties . La première contient « L’Action et le système du monde » et sept études complémentaires, postérieures. La seconde regroupe quatre ensembles : le premier traite de questions directement liées à la notion de temps ; le deuxième est intitulé « Autour de la France et de l’Europe » ; le troisième réunit des portraits de personnalités diverses et le quatrième, sous le vocable « Circonstances », divers textes en rapport avec le couple pensée-action. L’ouvrage contient par ailleurs une longue introduction du professeur Simion et, conformément à l’architecture de la collection, un ensemble de témoignages sur l’auteur et son œuvre exprimés au cours du temps.

  • 2017

    Publication en janvier, chez Odile Jacob, de l’ouvrage collectif Notre intérêt national – quelle politique étrangère de la France ?, codirigé par Thierry de Montbrial et Thomas Gomart. Cet ouvrage est le fruit d’un groupe de travail comprenant quelques-unes des plus hautes personnalités françaises dans le domaine de la politique internationale. Ce groupe s’est réuni à l’Ifri pendant une partie de l’année précédente, en vue de l’élection présidentielle d’avril-mai 2017, avec pour objectif la réhabilitation du concept d’intérêt national. Celui-ci doit être distingué de la Realpolitik. Certes, l’intérêt national peut être étroitement conçu, comme aux Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump. Il peut aussi être défini de façon large, et inclure par exemple la promotion des droits de l’Homme. L’intérêt national est façonné par la géographie, l’histoire mais aussi l’économie, c’est-à-dire les moyens. La formation de l’intérêt national doit en effet être réaliste pour rester crédible. L’ouvrage traite de toutes les grandes questions de façon concrète et pragmatique.

    Publication en octobre, chez Albin Michel, de Vivre le temps des troubles, un essai dont l’ambition est d’ouvrir à une meilleure compréhension de notre époque, après les désillusions de la mondialisation heureuse : « Pour beaucoup d’observateurs, le monde d’aujourd’hui semble indéchiffrable. La Terre est mise à mal, au point que certains scientifiques parlent d’une nouvelle ère géologique accélérée. Le regain de la barbarie et du terrorisme au nom de la religion est perçu comme une régression historique. Parallèlement, les vagues d’innovations technologiques ne cessent de déferler, notamment dans le domaine de l’énergie et de l’information, sources de transformations économiques, écologiques et sociales. Ces progrès laissent également entrevoir une évolution accélérée de l’être humain. Jamais le présent n’a été soumis à pareil choc tectonique entre son futur et son passé, dont les conséquences paraissent difficilement prévisibles et parfois angoissantes. Entre la croyance naïve dans les bienfaits illimités de la technologie et la résignation au cycle des calamités, il y a place pour l’apprentissage d’une gouvernance mondiale dans le cadre d’une géopolitique visant à s’organiser pour tirer le meilleur de l’expérience humaine ». Thierry de Montbrial a initialement conçu cet essai comme une sorte de manifeste pour accompagner la World Policy Conference.

    Parution de : Sabine Jansen, Les boîtes à idées de Marianne. Etat, expertise et relations internationales en France, les Editions du Cerf (préface de Georges-Henri Soutou). Ce livre de près de 800 pages, fruit d’un travail universitaire de longue haleine (thèse d’habilitation à diriger des recherches en histoire), fondé principalement sur des archives de première main et subsidiairement sur des témoignages, relate l’origine et la montée en puissance des think tanks en France, principalement à travers le Centre d’études de politique étrangère, le Centre d’Analyse et de Prévision du Ministère des Affaires étrangères, et surtout l’Ifri dont les premières années sont disséquées par l’auteur.

    3 au 5 novembre 2017 : dixième édition de la World Policy Conference à Marrakech. L’événement est salué notamment par le roi du Maroc Mohamed VI et par le président de la République française Emmanuel Macron.

  • 2018

    Publication, en français, d’un deuxième tome d’œuvres choisies de Thierry de Montbrial, dans la collection Opere Fundamentale (Œuvres Fondamentales) de l’Académie roumaine, sous le titre Histoire de mon temps. Ce volume, d’environ 1700 pages comme le premier, réunit l’ouvrage « Mémoire du temps présent » de 1996 et l’ensemble complet des introductions à Ramses entre 1984 et 2017. Il correspond donc aux deux premiers volets du triptyque évoqué précédemment (voir ci-dessus, année 1996). Le troisième volet de ce triptyque constitue la première partie du volume La Pensée et l’Action de 2015. Outre l’avant-propos du professeur Simion, Histoire de mon temps comprend en introduction une étude méthodologique approfondie de l’auteur sur l’histoire immédiate et la notion d’influence. On y retrouve également diverses réflexions sur les think tanks. Dans la partie « Commentaires » du volume figurent trois études inédites sur l’œuvre de Thierry de Montbrial, respectivement signées par Georges-Henri Soutou, membre de l’Institut, professeur émérite à l’université Paris-Sorbonne ; Alain Dejammet, Ambassadeur de France ; et Siméon Anguelov, ancien directeur de recherche en chimie du solide, ancien directeur exécutif du Club politique des Balkans, ambassadeur de Bulgarie en France (1991 1997).

    La 11° édition de la World Policy Conference s’est tenue du 26 au 28 octobre 2018 à Rabat.

  • 2019

    10 avril : conférence internationale au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne sur « L’avenir de l’Europe face à la compétition sino-américaine », organisée par l’Ifri à l’occasion de son 40e anniversaire, avec la participation de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances (ouverture) et de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères (clôture). Thierry de Montbrial y prononce en ouverture une allocution intitulée « Le monde d’hier et de demain » .

    Dans le volume Une histoire du monde. 40 ans de relations internationales publié sous la direction de Dominique David (chez Dunod) également à l’occasion de cet anniversaire, Thierry de Montbrial publie une étude « Le métier de l’Ifri » qui fait une place aux questions de méthode, et revient notamment sur la dimension du temps . Les questions de méthode ne sont jamais abordées par les praticiens de ce métier, notamment à propos des données et des modèles (généralement implicites) sur la base desquels analyses et prévisions sont fondées. Il y a là potentiellement un vaste champ à explorer. Le même volume contient par ailleurs des contributions de Sabine Jansen (« Genèse et jeunesse du premier think tank français), Thomas Gomart (« Les transformations de l’industry des think tanks ») et Dominique David (« Je vous parle d’un temps… »).

    14 juillet : à l’occasion de la fête nationale, le président de la République Emmanuel Macron élève Thierry de Montbrial à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur.

    Douzième édition de la World Policy Conference à Marrakech (12-14 octobre).

  • 2020

  • 2021

    Mars – avril. Publication d’une série d’articles : « Rivalités de puissance, idéologies et multilatéralisme » dans la revue Défense Nationale ; « La gouvernance des biens communs comme levier politique » dans la Revue européenne du droit ; « Toward a New German Foreign Policy » dans la revue Internationale Politik Quaterly (repris par le quotidien Le Monde du 16 avril 2021).
    Octobre. Publication de l’article « Entrepreneurs, unissons-nous pour le bien commun » dans le Dictionnaire amoureux de l’entreprise et des entrepreneurs, paru aux éditions Plon.
    Quatorzième édition de la World Policy Conference (WPC) a Abou Dabi, Emirats Arabes Unis (1-3 octobre). [La treizième édition de la WPC n’a pas eu lieu en raison de la pandémie.]
    Décembre. Publication de « La politique étrangère de la France : un cap pour les trente prochaines années » dans la revue Politique étrangère, vol. 86, n° 4, Hiver, 2021.

Résumé biographique

  • Etudes

    Ecole Polytechnique (1963-1965)
    Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris (1966-1969)
    University of California, Berkeley. PhD en économie mathématique (1971) sous la direction du professeur Gérard Debreu (prix Nobel d’économie 1983)

    Etudes

  • Carrière

    1969 – Ingénieur au Corps des Mines à Metz
    1969-1973 – Ecole Polytechnique : maître de Conférences
    1970-1973 – Commissariat Général du Plan : chargé de mission
    1973-2008 – Ecole Polytechnique : professeur titulaire ; président du département de Mathématiques appliquées à la décision et à la gestion, puis du département de Sciences Economiques de 1974 à 1992
    1973-1979 – Centre d’Analyse et de Prévision, CAP, (devenu Centre d’Analyse et de Prévision Stratégique, CAPS) du Ministère des Affaires étrangères : directeur (premier titulaire de cette fonction)
    Depuis 1979 – Institut français des relations internationales (Ifri) : Fondateur, directeur général puis président
    1995 – 2008 – Conservatoire National des Arts et Métiers : professeur titulaire de la chaire « Economie appliquée et relations internationales ». Depuis 2008 : Professeur émérite
    Depuis 2008 –World Policy Conference (WPC) : Fondateur et président

    Carrière

  • Principales responsabilités

    En France
    Conseil d’administration de l’Ecole Polytechnique (1974-1977)
    Comité National et Directoire du Centre national de la recherche scientifique/CNRS (1974-1981)
    Président du Centre Franco-Autrichien pour le rapprochement économique en Europe/CFA (Paris, Vienne) (1983–2015)
    Membre du Comité exécutif de TF1 (1986 – 1993)
    Conseil de perfectionnement de l’Ecole Supérieure de Guerre (1987-1992)
    Comité du Département « Sciences de l’Homme et de la Société » du CNRS (1988-1992)
    Président du Centre d’Etudes des Relations entre Technologies et Stratégies (CREST), Ecole polytechnique (1988-1992)
    Comité de rédaction puis président du Comité éditorial de la Revue des deux Mondes (1988-1994)
    Commission du Livre Blanc de Défense (1993-1994)
    Président de la Fondation pour la Recherche Stratégique / FRS (1993-2001)
    Éditorialiste, membre du Comité éditorial du Figaro (1989-2001)
    Éditorialiste associé au Monde (2002-2010)
    Président du Conseil de prospective européenne et internationale pour l’Agriculture et l’Alimentation / COPEIAA, (2003-2005)
    Président du Comité de réflexion du Medef sur l’« Avenir du système commercial multilatéral » (2004)
    Membre du Conseil d’administration de Capgemini (2005-2013)
    Commission du Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale (2007-2008)
    Membre du Conseil d’administration du Conservatoire National des Arts et Métiers (2019-2022)
    Membre du Conseil d’administration de la Fondation Renault (depuis 2010)

    A l’étranger
    Comité de direction de l’Atlantic Conference, Chicago (depuis 1976)
    Commission Trilatérale (1976-2002)
    Comité directeur des Bilderberg Meetings (1976-2011)
    Comité de rédaction des revues The South African Journal of International Affairs, Johannesburg (depuis 1998), Journal of Southeast European Black Sea Studies
    (depuis 2001), Russia in Global Affairs, Moscou (depuis 2002)
    Comité de rédaction des revues Foreign Policy, Washington (depuis 1980,) The International Economy, Washington, Conseil consultatif de rédaction de la European Review (depuis 1997)
    Membre du Conseil consultatif international (International Advisory Board) d’IBM-Europe (1981-1996)
    Conseil de l’Institute for East-West Security Studies (1983-1987)
    Président du European Strategy Group (organisation issue de la collaboration des principaux instituts de recherche européens compétents sur les questions stratégiques (1989-1991)
    Ancien membre du Conseil consultatif international du Center for European Policy Studies, Bruxelles
    Conseil puis Comité exécutif de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), Londres (1983-1999)
    Conseil consultatif du Research Institute of International Trade and Industry, Tokyo (1994-1997)
    Conseil consultatif international du Standford Institute for International Affairs (depuis 2000)
    Conseil consultatif international de l’Institute for International Economics (devenu Peterson Institute), Washington (depuis 2003)
    Conseil consultatif international du Carnegie Moscow Center (depuis 2003)
    Conseil consultatif auprès du secrétaire général de l’OMC, Genève (2003-2005)
    Task force indépendante, Renewing the Atlantic Partnership, co-présidée par Henry A. Kissinger et Lawrence H. Summers, The Council on Foreign Relations, New York (2004)
    Président du Conseil International du Groupe OCP, Maroc (depuis 2009-2019)
    Comité de rédaction de China International Strategy Review, CISR (depuis 2018).

    Plusieurs centaines de missions sur les cinq continents depuis 1974 : participation à des conférences internationales et conférences personnelles portant sur les différents aspects du système international

    Principales responsabilités

  • Enseignement et distinctions académiques

    1969-1973 – Ecole Polytechnique : maître de Conférences
    1973-2008 – Ecole Polytechnique : professeur titulaire ; président du département de Mathématiques appliquées à la décision et à la gestion, puis du département de Sciences Economiques de 1974 à 1992
    1971 – 1991 Institut d’Etudes Politiques de Paris : professeur à plusieurs reprises : Cours d’« Economie approfondie » (1971-1973) ; cours d’« Economie internationale » (1980-1986) ; cours « Les grandes lignes de partage du monde contemporain » (1989-1991)
    1983 – 1998 Institut Universitaire des Hautes Etudes Internationales (IUHEI) de Genève : professeur invité à plusieurs reprises. Leçon d’ouverture de l’année académique 1997-1998 : « Les grandes tendances des relations internationales à la fin du siècle »
    1989 – Université de Tel Aviv : titulaire de la quatrième Jimmy Carter Annual Lecture: « A New International Order ? »
    1989 – Université de Corée : titulaire de la troisième Inchon Memorial Annual Lecture: « The Gorbatchev Revolution and the International System »
    1991 – Faculté universitaire Saint-Louis, Bruxelles : séance inaugurale du cycle de conférences publiques : « Risque et raison »
    1995 – 2008 – Conservatoire National des Arts et Métiers : professeur titulaire de la chaire « Economie appliquée et relations internationales ». Depuis 2008 : Professeur émérite
    Depuis 2006 : Institut diplomatique de Pékin : professeur invité
    Depuis 2016 : Shanghai International Studies University : professeur invité

    Enseignement et distinctions académiques

  • Docteur Honoris Causa

    de l’Académie roumaine pour les études économiques (1996)
    de l’Académie des sciences d’Azerbaïdjan (2002)
    de l’Université de Brasov (2003)
    de l’Université Galatasaraÿ, Istanbul (2004)
    de l’Université d’Etat de Moldavie (2005)
    de l’Institut d’Etat des relations internationales (MGIMO) de Moscou (2007)
    de l’Université de Bucarest (2011)
    de l’Université « A.I. Cuza » de Iasi (2014)
    de l’Université « Saint-Clément d’Ohrid » de Sofia, Bulgarie (2017)

    Docteur Honoris Causa

  • Prix

    Prix Louis Marin de l’Académie des sciences morales et politiques (1991)
    Prix de la Fondation Louise Weiss (1991)
    Prix des Ambassadeurs 1996 (pour l’ouvrage Mémoire du temps présent)
    Grand Prix de la Société de géographie pour l’ensemble de son œuvre 2003
    Prix Georges Pompidou 2003 (pour l’ouvrage L’Action et le système du monde)

    Prix

  • Académies

    En France :

    Membre de l’Institut de France (Académie des sciences morales et politiques). Elu le 29 juin 1992. Président de cette Académie et de l’Institut de France pour l’année 2001
    Membre de l’Académie des Technologies (membre fondateur, 2000)
    Académie des Sciences d’Outre-Mer (élu en 2019)

    A l’étranger : 
    Academia Europaea (élu en 1993)
    Académie royale de Belgique (élu en 1996)
    Académie royale suédoise des sciences de l’ingénieur (élu en 1999)
    Académie roumaine (élu en 1999)
    Académie des sciences de Russie (élu en 2003)
    Académie des sciences de Moldavie (élu en 2006)
    Académie des sciences de Bulgarie (élu en 2006)
    Real Academia de Ciencias Económicas y Financieras, Espagne (élu en 2008)

    Académies

  • Décorations

    Décorations françaises :
    Commandeur de la Légion d’honneur (2007)
    Grand Officier de l’ordre national du Mérite (2011)
    Commandeur de l’ordre des Palmes académiques (2002)
    Commandeur du Mérite agricole (2008)
    Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres (2023)
    Grand Officier de la Légion d’honneur (2019)

    Décorations étrangères :
    Officier de l’ordre de la Couronne de Belgique (1991)
    Officier de l’ordre d’Orange-Nassau des Pays-Bas (1992)
    Commandeur de la Croix du Sud, Brésil, (1999)
    Commandeur du Mérite autrichien (2001)
    Croix d’Honneur pour les Sciences et les Arts de 1ère classe, Autriche (2008)
    Grand Officier de l’Ordre du Soleil Levant – Etoile d’Or et d’Argent, Japon (2009)
    Ordre de l’Amitié, Russie (2009)
    Grand Officier de l’Ordre de l’Etoile de Roumanie (2011)
    Commandeur de l’Ordre du Mérite de la République Italienne (2012)
    Grand Officier de l’ordre du Mérite de la République de Pologne (2013)
    Commandeur du Mérite italien (2014)
    Commandeur de l’ordre du Mérite de la République Fédérale d’Allemagne (2016)

    Décorations

  • Publications

    Ouvrages
    Economie théorique, PUF, 1971
    Essais d’économie parétienne, Ed. du CNRS, 1974
    Le Désordre économique mondial, Calmann-Lévy, 1974. Traduction en espagnol et italien
    L’Energie : le compte à rebours, J.C. Lattès, 1978. Traduction en anglais et italien
    La Revanche de l’Histoire, Julliard, 1985
    La Science économique ou la stratégie des rapports de l’homme vis-à-vis des ressources rares: méthodes et modèles, PUF, 1988
    Que Faire ? Les grandes manœuvres du monde, La Manufacture, 1990
    Mémoire du temps présent, Flammarion, 1996. Prix des Ambassadeurs 1996. Traduction en allemand, bulgare, polonais, roumain, russe
    Introduction à l’économie (avec E. Fauchart), Dunod, 1999. 4e édition 2009
    Pour combattre les pensées uniques, Flammarion, 2000
    L’action et le système du monde, PUF, 2002, 4e édition, collection « Quadrige », PUF, 2011. Traduction en roumain, russe, serbe, chinois, bulgare, polonais, anglais (Action and Reaction in the World System. The Dynamics of Economic and Political Power, UBC Press, Vancouver, Toronto, 2013). Prix Georges Pompidou 2002
    La guerre et la diversité du monde, éd. de l’Aube, 2004
    Géographie politique, PUF, collection « Que-Sais-je ? », 2006. Traduction en grec et bulgare
    Il est nécessaire d’espérer pour entreprendre – Penseurs et bâtisseurs, Ed. Les Syrtes, 2006
    Vingt ans qui bouleversèrent le monde, Dunod, 2008. Traduction en roumain, en bulgare et en arabe.
    Journal de Russie, Editions du Rocher, 2012. Traduction en russe, Aspect Press Ltd, 2019.
    Journal de Roumanie, Editions RAO, Bucarest, 2012. Edition bilingue en français et en roumain
    Une goutte d’eau et l’océan, Albin Michel, Paris, 2015
    La pensée et l’action, Académie Roumaine, Fondation Nationale pour la Science et les Arts, Bucarest, 2015
    Vivre le temps des troubles, Albin Michel, Paris, 2017. Traduction en anglais (Living in Troubled Times, a New Political Era, World Scientific, 2018) et en bulgare (Académie bulgare des Sciences, 2019)
    Histoire de mon temps, Académie Roumaine, Fondation Nationale pour la Science et les Arts, Bucarest, 2018

    Direction et co-direction d’ouvrages
    Dictionnaire de stratégie, (dir. avec J. Klein), PUF, 2000. 2e édition collection « Quadrige », PUF 2006. Traduction en arabe
    Observation et théorie des relations internationales, Ifri, En deux volumes, 2000 / 2001, Collection « Travaux et recherches de l’Ifri »
    Actes du séminaire du CNAM pour les années 1997-1998 et 1998-1999, deux volumes. Collection « Travaux et recherches de l’Ifri », La Documentation française, 2000
    La France du nouveau siècle, PUF, 2002
    Retraites, santé : n’est-il pas trop tard ? PUF, 2002
    Réformes-révolutions – Le cas de la France, PUF, 2003
    Pratiques de la négociation, (dir. avec S. Jansen), Fondation Singer Polignac, Bruylant-L.G.D.G., Bruxelles, 2004
    L’Identité de la France et l’Europe, (dir. avec S. Jansen), Fondation Singer Polignac, Bruylant, Bruxelles, 2005
    Violence : de la psychologie à la politique, (dir. avec S. Jansen), Fondation Singer Polignac, Bruylant, Bruxelles, 2007
    Notre intérêt national. Quelle politique étrangère pour la France ?, (dir. avec Th. Gomart), Editions Odile Jacob, 2017
    Co-directeur de RAMSES – publication annuelle de l’Ifri – depuis 1983, chez Economica puis chez Dunod

    Participation à des ouvrages et rapports collectifs
    La sécurité de l’Occident : bilan et orientations, collection « Travaux et recherches de l’Ifri ». Economica, février 1981 (en collaboration avec Karl Kaiser, Winston Lord et David Watt). Publié simultanément en anglais et en allemand. Nombreuses autres traductions.
    Sharing International Responsibilities, New York, 1982. (en collaboration avec Nobuhiko Ushiba et Graham Allison).
    La Communauté européenne : déclin ou renouveau, collection « Travaux et recherches de l’Ifri ». Economica, avril 1983 (en collaboration avec Karl Kaiser, Cesare Merlini, William Wallace et Edmund Wallenstein).
    Une organisation mondiale du commerce pour quoi faire ? Les entreprises françaises et l’avenir du système commercial multilatéral. Rapport du comité de réflexion du MEDEF sur l’Avenir du système commercial multilatéral, Paris, 2004.
    The Future of the WTO. Addressing institutionnal challenges in the new millenium. Report by the Consultative Board to the Director-General (ouvrage sous la direction de Peter Sutherland et autres), World Trade Organization, Genève, 2004
    Et de nombreux articles publiés dans des revues scientifiques et professionnelles.

    Publications

  • Responsabilités actuelles

    Président et fondateur de l’Institut français des relations internationales (Ifri)
    Président et fondateur de la World Policy Conference (WPC)

    Responsabilités actuelles