Présentation de la 12° édition de la World Policy Conference
La 12° édition de la World Policy Conférence s’est tenue du 12 au 14 octobre 2019 à Marrakech
Un peu plus de trois mois après la 12 e édition de la WPC, dont nous publions ici le rapport, les évolutions confirment les tendances qui ont fait l’objet de nos débats à Marrakech. Aux États-Unis, Donald Trump n’a de regard que pour sa réélection au mois de novembre, et se montre indifférent à la perte de confiance en son pays, de plus en plus répandue à l’extérieur, même et peut-être surtout chez ses alliés. L’accord commercial sino-américain conclu en janvier ne doit pas faire illusion. Il n’est qu’une trêve, et les Chinois feront tout pour accélérer leur course vers l’indépendance technologique et l’accès à la suprématie. Affecté également par le ralentissement de la croissance économique, la contestation à Hong Kong ou encore la réélection de Tsai Ing-wen à Taïwan, sans oublier l’épidémie du coronavirus, Pékin ne peut que se durcir. Les multiples effets de la rivalité sino-américaine sont de plus en plus palpables dans le reste du monde. Le sommet du 70 e anniversaire de l’Alliance atlantique en décembre 2019 a libéré la parole de ses membres sur l’avenir de l’institution, tandis que l’Union européenne, sous la houlette de ses nouveaux responsables, hésite sur sa nouvelle voie, maintenant que le Brexit est enfin acté. Et chacun spécule sur les options géopolitiques et économiques de la Grande-Bretagne, à l’ère de Boris Johnson.
Dans le reste du monde, la contestation populaire s’internationalise, notamment dans l’aire islamique, en Irak, en Iran, au Liban ou encore en Algérie. L’indécision occidentale permet à la Russie de se présenter en maître du jeu en Syrie, ou de rivaliser avec la Turquie en Libye. L’Algérie post-Bouteflika suscite toutes sortes d’interrogations. Mais c’est l’Iran qui, actuellement, retient le plus l’attention. Épuisée par les sanctions et frappée par l’assassinat du général Soleimani, elle paraît trop faible pour s’en prendre frontalement aux États-Unis. Mais, malgré la grogne de la population, le régime des mollahs n’est pas au bord du précipice. Il n’a pas perdu sa capacité à agiter la région. À cet égard, comme pour d’autres raisons vis-à-vis de la Corée du Nord, Washington est dans une impasse. Et pendant ce temps, le Brésil et l’Australie brûlent au sens propre.
Telles sont les réalités au début de 2020, alors que le système international a plus que jamais besoin de renforcer tous ses modes de coopération, c’est-à-dire ce qu’on a pris l’habitude d’appeler la gouvernance mondiale. Face à l’affrontement sino-américain et au risque de dégénérescence du système international dans son ensemble, les puissances moyennes ne peuvent plus se permettre d’abandonner leur sort aux mains d’hypothétiques protecteurs. Elles sont condamnées à approfondir lucidement leurs propres points de vue, pour tenter de peser sur les événements. Telle est, depuis sa fondation en 2008, la mission de la WPC
Voir le discours d’ouverture de la conférence ici. Lisez le rapport complet de la 12° édition de la World Policy Conference sur le site de la WPC ici.