Etre un historien de son temps
Article dans la revue Commentaire n° 181 du printemps 2023. Texte extrait de mon livre Histoire de mon temps, publié en 2018 par l’Académie Roumaine, Fondation nationale pour la Science et les Arts.
Le texte ci-dessous, publié dans le revue Commentaire du printemps 2023, pourra intéresser toutes les personnes qui s’interrogent sur la méthodologie d’une institution comme l’Ifri.
L’art de l’historien
Raymond Aron écrit que tout l’art de l’historien est « de rendre au passé l’incertitude de l’avenir (1) ». Une incertitude qui a au moins deux faces. D’une part, quand bien même s’y efforce-t-il, l’historien ne peut jamais éradiquer de sa mémoire les enchaînements postérieurs à la tranche de vie qu’il étudie. Cette connaissance ineffaçable teinte immanquablement ses interprétations. Les « événements » eux-mêmes sont souvent des élaborations intellectuelles après coup, jamais définitivement fixées. Les spécialistes débattent encore du sens de l’événement « prise de la Bastille ». D’autre part, les acteurs d’un moment n’ont qu’une connaissance partielle du système dans lequel ils sont insérés. Réfléchissant à ces questions au début des années 1980, j’ai pensé qu’il serait intéressant d’entreprendre un projet d’un genre nouveau, intermédiaire entre l’écrit pour éclairer l’action immédiate et le travail historique plus distancé, en rédigeant à une périodicité annuelle (l’année permet déjà un certain recul) un tour d’horizon planétaire évidemment fondé sur des lectures et des études, mais aussi sur de nombreux voyages et contacts liés à mon activité de patron de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Voilà pourquoi chaque édition du Ramses (2) commence par des « Perspectives », généralement rédigées au mois de juillet. J’essaie en particulier d’y retracer les problématiques qui ressortent notamment des conférences internationales auxquelles nous participons, et pas seulement de mon imagination ou de mes préférences, idéologiques ou autres.
Ce livre ne doit donc pas être considéré comme une collection plus ou moins homogène mais bien comme une unité, conçue dès le départ dans l’esprit que je viens d’indiquer. Chaque chapitre correspond à une année, avec une exception : l’année 1989, véritablement révolutionnaire, fait l’objet de deux chapitres, le premier rédigé pour Ramses en juillet, le second en décembre pour un livre publié quelques mois plus tard (3). Dans l’ensemble, je n’ai apporté aux textes originaux que des retouches mineures, tout l’intérêt de la démarche étant justement de restituer l’incertitude, sans donc le voile de connaissance de l’avenir du passé (4) dont il faut répéter qu’aucun historien ne peut vraiment se défaire (5). Par exemple, fin 1989, la question se posait manifestement de savoir si l’OTAN survivrait à la réunification allemande. On pouvait difficilement imaginer à l’époque que Mikhaïl Gorbatchev abandonnerait toutes ses exigences. L’art de l’analyse et de la prévision ne consiste pas à prédire l’avenir, mais à raisonner sur l’incertitude. Le lecteur intéressé par les aspects théoriques de cette question pourra aussi se reporter à l’ouvrage L’Action et le système du monde (6) dont celui-ci constitue en quelque sorte le complément empirique.
Encore un mot pour terminer. Si honnête intellectuellement que soit ce travail – je veux dire par là que son auteur, comme l’Ifri, se veulent jalousement indépendants de tout parti politique, groupe de pression, lobby ou administration –, il n’en représente pas moins un point de vue. Il en va des grandes questions humaines comme de la cartographie : toute projection déforme. Si un autre généraliste des relations internationales, même parmi ceux avec qui la vie professionnelle m’a conduit à échanger constamment informations, analyses et idées, avait mené parallèlement un projet semblable au mien, il est certain que nos deux productions ne se recouperaient pas totalement. Loin de là. Comment en serait-il autrement, alors que, même entre les mains des savants les plus rigoureux, l’histoire ne saurait être une science exacte ? L’exercice dont ce livre est le résultat est évidemment relatif. Du moins est-il vivant.
Que veut dire « être informé » ?
Le concept d’information est souvent invoqué mais rarement précisé. J’ai tenté de le faire partiellement dans un ouvrage auquel je renvoie le lecteur intéressé. Il y trouvera notamment un développement succinct mais précis sur les notions de coût et de valeur de l’information (7). En termes généraux, cette dernière se définit par la réduction de l’incertitude en réponse à une question bien posée. Laquelle suppose en principe que les réponses jugées a priori possibles soient complètement identifiées ex ante (8). Or, dans la plupart des situations complexes, l’esprit humain n’est pas capable d’embrasser toutes les possibilités ni même, s’il le pouvait, de leur porter individuellement attention. Ainsi ne cherche-t-on pas chaque matin à passer en revue tous les désagréments auxquels on pourrait se trouver exposé dans la journée, quand bien même on saurait en principe correctement les identifier. Une double sélection est donc nécessaire : l’une est de l’ordre de l’ignorance, l’autre de l’attention. Le processus est itératif, en ce sens que la découverte de nouveaux faits (à l’âge numérique, on parle de « données » ou « data ») – qu’ils résultent de recherches volontaires ou, à l’aune de notre jugement, du surgissement du hasard pur – peut conduire à reformuler la question ou à en formuler d’autres et ainsi de suite. Notons sans développer ce point qu’interviennent ici le temps et la mémoire. Conceptuellement, il convient de distinguer l’information et son traitement, lequel, pour l’historien comme pour le think tanker, contrairement par exemple au physicien ou à l’ingénieur, repose sur des schémas de pensée rarement explicités (9). De nos jours, ces schémas dérivent surtout des sciences sociales (l’économie notamment), qui se sont considérablement développées dans la seconde partie du XXe siècle. Je parle ici de « schémas » plutôt que de « théories », en raison du flou qui les entoure et de leur part plus ou moins consciente d’idéologie. C’est pourquoi, dans les domaines dont nous parlons, la qualité du traitement de l’information reste encore fondamentalement une affaire de jugement.
Encore un mot sur l’information elle-même. Dans la conception moderne de son métier (en gros depuis le milieu du XIXe siècle), l’historien- chercheur – que je distingue de l’historien-conteur, même si l’un n’exclut pas l’autre en la même personne – attache une importance cruciale aux archives, essentiellement écrites, et à leur analyse critique. Il s’efforce de maintenir une certaine distance avec son sujet afin de ne pas entacher son objectivité. Cette méthode restreint le champ des reconstitutions possibles des « faits » ou des « événements » et de leur rationalisation dans un même discours. À défaut, n’importe qui pourrait écrire n’importe quoi sur qui a fait quoi dans le passé ; il n’y aurait plus lieu de distinguer entre information et désinformation, entre news et fake news ; il n’y aurait plus d’histoire que des histoires, de la propagande ou du bourrage de crâne, tout cela enrobé dans un relativisme absolu. 0On peut lire à ce propos avec intérêt Comment on écrit l’histoire (10). Son auteur, Paul Veyne, insiste sur la dimension romanesque de la discipline dont il est l’un des grands maîtres contemporains. On le sent tenté par le relativisme, mais il revient tout de même constamment sur le fait que, contrairement au romancier qui peut laisser libre cours à son imagination et embrasser toutes les virtualités de l’homme vues par l’homme, l’historien s’intéresse à ce que le passé contient de « réalité » et de « vérité », ce qui nous ramène à la question des méthodes et tout particulièrement aux archives.
Il est évident que l’analyste du monde actuel ne peut pas travailler de la même manière. Certes, comme l’historien, il formule et reformule des questions (et les réponses jugées a priori possibles) en fonction de l’intention (ou de l’intentionnalité) qui l’anime. Il cherche de l’information et la traite en vue de répondre à ses attentes et à celles de ses publics. C’est bien ce qu’illustrent les « Perspectives » publiées dans ce volume. Mais il y a au moins une différence majeure entre les deux démarches. Comment, en effet, l’analyste du monde actuel s’y prend-il pour réduire la double incertitude (celle sur les réponses possibles et celle sur leurs degrés de vraisemblance) autour des questions qu’il se pose ? Tout d’abord, évidemment, en acquérant des références de base susceptibles d’éclairer le contexte de ces questions. À ce niveau, la géographie et l’histoire générale ont leur part, s’agissant notamment de comprendre la culture des peuples étrangers. Que de fautes politiques graves ont été commises par méconnaissance de ces bases. On en rencontrera bien des exemples dans cet ouvrage (11). Les informations de ce type, comme celles que l’on peut trouver au jour le jour dans les médias, sont des biens publics ou quasi publics. Encore faut-il en faire bon usage.
L’analyse et la prévision
J’ai déjà rappelé que l’art de l’analyse et de la prévision ne consiste pas à jouer les clairvoyants ou les clair-entendants, mais à raisonner sur l’incertitude ; et j’ai eu de nombreuses occasions de réfléchir à la notion d’erreur de prévision, pour laquelle je renvoie à La Pensée et l’Action. Le cas le plus pur en la matière est, face à une question, de ne pas avoir envisagé une réponse possible quand il s’avère a posteriori que cette réponse aurait pu être identifiée a priori et qu’elle était la bonne. C’est donc le fait que la question était mal posée, quand elle aurait pu mieux l’être. Ici, une difficulté réelle est l’impossibilité théorique et pratique déjà soulignée de dresser en permanence des listes complètes de réponses concevables, dont la plupart n’ont qu’une chance infime de s’avérer (12). Lorsqu’en 1984 je m’interrogeais sur une métamorphose prochaine du système international issu de la Seconde Guerre mondiale (13), j’avais identifié quatre causes pour un tel événement, parmi lesquelles l’effondrement de l’URSS, qui cependant m’apparaissait peu probable « à l’horizon prévisible (14) ». Me suis-je « trompé », du fait que je jugeais un tel événement « peu probable » ? Assurément non. Il était objectivement peu probable ! En fait, si l’histoire déjoue souvent les pronostics, c’est bien parce que sa trajectoire ex post était presque toujours peu probable ex ante. Tout l’art du travail d’analyse et de prévision est d’identifier les réponses peu probables et cependant concevables aux questions que l’on se pose, et parmi elles celles qui méritent néanmoins que l’on y porte particulièrement attention, alors que ce n’est pas naturel (15). L’erreur de beaucoup de commentateurs et de certains historiens – même lorsqu’ils ne se disent pas hégéliens ou marxistes – est de tomber dans l’illusion du déterminisme rétrospectif, de confondre prévision et prophétie et par conséquent d’insinuer que l’on aurait pu ou dû « prévoir », c’est-à-dire annoncer, tel ou tel événement qui s’est effectivement produit. On lira, dans les « Perspectives » de ce volume, ce que de ce point de vue j’ai à dire sur le « printemps arabe » et autres sujets plus ou moins comparables. Cela dit, je crois, comme Paul Valéry, « aux grands avantages d’une préparation générale et constante, qui, sans prétendre créer ou défier les événements, lesquels sont invariablement des surprises, ou bien développent des conséquences surprenantes, permet à l’homme de manœuvrer au plus tôt contre l’imprévu (16) ». Ce qui renvoie au problème de la bonne sélection a priori de celles des réponses possibles aux questions que l’on se pose, et auxquelles on doit vraiment prêter attention. Le lecteur me pardonnera je l’espère d’enfoncer aussi lourdement le clou. Faut-il rappeler que la notion d’attention est d’ordre psychologique ? Il est donc nécessaire d’attacher de l’importance à certains événements, même jugés très peu probables pour de bonnes raisons. On parle souvent, à cet égard, de la capacité à saisir les « signaux faibles ». Cette capacité suppose avant tout de la finesse dans le jugement.
Ajoutons que l’on ne devrait jamais dissocier la valeur d’un jugement en probabilité subjective de son contexte opérationnel (17). Parler de la mutation du système international en 1984 – en particulier prendre au sérieux les « signaux faibles » qui suggéraient une forte dégradation de l’économie soviétique (18) – était une manière d’attirer l’attention sur la nécessité pour les analystes et les prévisionnistes d’élargir leur champ de vision pour se mettre en condition – je reprends la formule de Valéry – de mieux « manœuvrer contre l’imprévu ». Mais il n’y avait aucun enjeu réellement immédiat. Tout différent est déjà le contexte du « printemps arabe » et de ses suites, où de graves et coûteuses erreurs de jugement ont été commises. Et, si l’on veut un exemple d’une autre nature, je citerai le cas des grands spéculateurs, comme George Soros, qui parient sur d’énormes montants d’argent en prenant par là même des risques personnels considérables – certes sur la base de jugements plus fins que ceux du commun des boursicoteurs. Dans ce genre de contexte, réussir ou perdre un pari ne signifie pas que ce que l’on avait jugé probable aurait dû être considéré comme certain, ou à l’inverse n’ayant aucune chance. Les spéculateurs se distinguent aussi par leur degré de préférence pour le risque, une notion psychologique précise et bien analysée en théorie économique.
En général, s’agissant des analyses et prévisions dans le domaine de la politique internationale, les jugements sont exprimés dans le langage ordinaire, et, s’il advient que l’on évoque des probabilités numériques, ce ne peut être qu’une façon de parler. En ce qui concerne mes propres écrits, quand il m’arrive en me relisant de me faire des reproches, c’est parfois d’avoir trop négligé des sujets importants, parfois de n’avoir pas pris le temps de chercher davantage d’informations qui pourtant auraient été facilement accessibles ; mais aussi, je l’avoue, de déplorer de m’être laissé emporter dans l’atmosphère d’un moment en abusant d’adverbes et de superlatifs trompeurs, peut-être – ce n’est pas une excuse – parce que je me battais plus ou moins consciemment contre des moulins à vent.
La précision du langage est une qualité que tout think tanker ou analyste devrait cultiver, comme jadis les grands maîtres des sciences naturelles, typiquement en France dans la tradition de Buffon. Je n’exclus pas un jour de faire ma propre autocritique de ce point de vue, non certes par masochisme, mais comme une contribution à l’amélioration d’une méthode. D’un autre côté, il faut répéter que les formulations uniformément sobres et prudentes, comme une trop longue énumération de risques possibles dans telle ou telle situation, ne retiennent pas l’attention des décideurs pressés et d’une manière générale des lecteurs, qui ont besoin de relief, et peut-être aussi d’émotion. Cela ne facilite pas la tâche de l’analyste. On ne doit pas méconnaître la pression du temps : alors que l’historien n’est normalement pas à la minute, le think tanker ou l’analyste doit répondre à une demande dans le temps réel de l’action. Cela implique qu’il doit savoir ne pas attendre d’avoir recueilli toutes les informations en principe accessibles pour se prononcer. Herbert Simon parle de rationalité limitée. En ce sens, le think tanker partage les contraintes propres à l’action. En particulier, il doit avoir un certain goût pour le risque. En l’occurrence, un risque de réputation.
Ma dette à l’égard d’Aron
Mais, puisque je parle, en ce qui me concerne, d’un projet plus ou moins bien mené pendant un peu plus de trente ans, je voudrais encore témoigner de ma dette intellectuelle envers Raymond Aron (19). Je pense bien sûr à Paix et guerre entre les nations (20), à Penser la guerre, Clausewitz (21), mais aussi à son cours sur Les Étapes de la pensée sociologique (22), trois livres dont je me suis nourri. Je pense aussi à l’Introduction à la philosophie de l’histoire (23) et au recueil Dimensions de la conscience historique (24). Aron a démontré la vanité et le danger de certaines philosophies de l’histoire, en particulier les plus déterministes, mais il croyait que pareille philosophie pouvait avoir un sens comme expression rationnelle d’une volonté. Il n’a pas connu les développements les plus fulgurants des technologies de l’information et de la communication, mais avait bien compris que l’humanité était à l’aube d’une histoire méritant le qualificatif d’« universelle », en raison de cette interdépendance générale et croissante que l’on appelle aujourd’hui la mondialisation. Il voyait aussi clairement les risques tant du relativisme que du fanatisme et cherchait à les surmonter par l’exercice de la raison. Il n’était pas à proprement parler un chef d’école (à la différence par exemple d’un Pierre Bourdieu, son successeur au Collège de France), encore moins un entrepreneur institutionnel (il lui arrivait de prêter son nom, mais ce n’est pas la même chose). Ses deux instruments pour exercer l’influence à laquelle il aspirait étaient les cours et les livres d’un côté, les rencontres et le journalisme de l’autre. Il connaissait les universités et les think tanks américains, et entretenait des relations avec quelques-unes de leurs vedettes, mais il ne se considérait lui-même ni totalement comme un universitaire, ni certainement comme un think tanker. En fait, il fut des deux, une singularité en un temps où il n’était guère question de think tanks en France, et où l’expertise en matière internationale restait réservée aux diplomates, aux spécialistes d’« histoire diplomatique », parfois aux militaires, et dans une moindre mesure à certains journalistes ou juristes. D’expertise à destination des entreprises, il n’était évidemment pas question en ce temps-là.
Je ne crois pas qu’Aron a eu le type d’influence dont il aurait rêvé, incarné par la figure du père Joseph : ni en France (vis-à-vis du général de Gaulle par exemple) ni a fortiori aux États-Unis ou ailleurs. Faute d’avoir accès direct aux oreilles, il espérait sans doute atteindre les yeux par l’intermédiaire de ses articles, et par ce biais les cerveaux. Mais on sait que dans l’exercice de leurs fonctions les dirigeants politiques lisent peu, sauf quand ils sont directement et immédiatement concernés, et encore. Sur le plan intellectuel, ils vivent sur leurs acquis. Aron n’avait rien de son condisciple Jean-Paul Sartre, rien non plus d’un Bernard- Henri Lévy ; il ne montait pas sur les tréteaux. Au-delà des milieux universitaires et des lecteurs du Figaro en son temps, sa véritable influence, me semble-t-il, aura été posthume. Il a effectivement marqué des personnalités qui rayonnent encore et auront elles-mêmes, on l’espère, des descendants. Pour ce qui me concerne, il est manifeste que ma manière de penser l’histoire a été marquée par Aron, même si je reste moins optimiste que lui sur l’efficacité directe de la raison au niveau des opinions publiques et des idéologies, et si, en conséquence, j’attache beaucoup plus d’importance que lui aux raisons que la raison ne connaît pas ; et, dans la pratique de la politique internationale, aux institutions et à la manière dont elles fonctionnent. Concrètement, aujourd’hui, je crois que la viabilité de la mondialisation ne peut que reposer sur une organisation institutionnelle appropriée, constamment adaptée aux circonstances, et que, pour la faire émerger et vivre, l’influence efficace de la communauté des think tanks au sens large est incomparablement supérieure à celle de n’importe quel individu travaillant isolément, même avec une présence médiatique. Les exceptions sont rarissimes. Une fois au XXe siècle une étoile de la pensée stratégique devint le conseiller intime du Président de la première puissance mondiale en un temps de grandes décisions. Je parle bien sûr de Henry Kissinger et de Richard Nixon.
Des idées et des livres, page 183, Commentaire n°181, Printemps 2023
Mes ouvrages de référence :
Volume I : La Pensée et l’Action, Bucarest, Académie roumaine, Fondation nationale pour la Science et les Arts, 2015, 1 812 p.
Volume II : Histoire de mon temps, Académie roumaine, Fondation nationale pour la Science et les Arts, 2018, 1 790 p.
Volume III :Regards distanciés sur le monde actuel (en 2 tomes), Académie roumaine, Fondation nationale pour la Science et les Arts, 2022, 1 720 et 1 452 p.
(1) R. Aron, Introduction à la philosophie de l’histoire, Gallimard, « Bibliothèque des idées », 1938.
(2) Ndlr : Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies, publié sous la direction de Thierry de Montbrial et de Dominique David.
(3) Th. de Montbrial, Que faire ? Les grandes manœuvres du monde, La Manufacture, 1990.
(4) D’où le recours constant au conditionnel dans ces « Perspectives » !
(5) Au « voile d’ignorance » de l’humanité abstraite de John Rawls, ne devrait-on pas opposer le « voile de connaissance » de l’humanité réelle, laquelle est historique ?
(6) Th. De Montbrial, L’Action et le système du monde, Presses universitaires de France, « Quadrige », 2002. Cet ouvrage et ses suites constituent la partie principale de La Pensée et l’Action, Bucarest, Académie roumaine, Fondation nationale pour la Science et les Arts, 2015.
(7) Th. de Montbrial, Vivre le temps des troubles, Albin Michel, 2017.
(8) C’est naturellement le cas dans la théorie mathématique des probabilités. Dans le cadre de cette théorie, rien ne peut arriver qui n’ait été considéré a priori comme pouvant arriver (à la limite, avec une probabilité nulle, ce qui peut surprendre les débutants). Le point important ici est que, en théorie des probabilités, l’incertitude est au premier degré. Elle ne porte pas sur les résultats possibles des expériences aléatoires. Il n’y a pas d’«unknown unknowns».
(9) Dans les sciences exactes, les « variables endogènes » d’un système sont une fonction précise de l’état de ce système et des « variables de commande ». C’est cette « fonction » qui traduit les schémas de pensée ou théories sous-jacentes. Voir aussi le chapitre « L’ ingénieur et l’économiste », in Th. de Montbrial, La Pensée et l’Action, op. cit.
(10) P. Veyne, Comment on écrit l’histoire, Seuil, « L’ Univers historique », 1971. Voir aussi Th. de Montbrial, La Pensée et l’Action, op. cit., p. 1493 et s.
(11) Voir aussi « L’ utilité de l’histoire », in Th. de Montbrial, Vivre le temps des troubles, op. cit.
(12) Je n’aborde pas ici le problème du hasard moral, fondamental dans le domaine de l’assurance, mais aussi sur le plan international, par exemple dans la régulation économique et financière.
(13) Voir dans le présent volume le chapitre « L’ état du monde en 1984 : un diagnostic ».
(14) J’utilise souvent cette expression dans mes écrits. Il ne s’agit pas d’une notion quantitative, d’autant moins que l’horizon varie en fonction des sujets.
(15) Ce type de considération est essentiel en stratégie nucléaire.
(16) P. Valéry, « Le fait historique », in Variété, t. I, Gallimard, « Blanche », 1924.
(17) Rappelons que la notion de probabilité objective n’a de sens que dans les cas très particuliers où ce que les probabilistes appellent les « épreuves » (un lancer de dé par exemple) est répétable. Les probabilités subjectives s’introduisent de façon naturelle dans la logique et dans la linguistique. La théorie économique en fait grand usage.
(18) Je pense notamment aux travaux de la Central Intelligence Agency (CIA), dont certains étaient accessibles au public. Encore fallait-il croire qu’il ne s’agissait pas de désinformation !
(19) Voir les chapitres « Paix et guerre entre les nations de Raymond Aron » et « Raymond Aron et l’action politique », in Th. de Montbrial, La Pensée et l’Action, op. cit.
(20) Calmann-Lévy, « Liberté de l’esprit », 1962.
(21) I : L’Âge européen, II : L’Âge planétaire, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1976.
(22) Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1967.
(23) Gallimard, « Bibliothèque des idées », 1938.
(24) Plon, 1961.